8 février 2009
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16:13
MUTATIONS
SLUGS, THE MOVIE
ou SLUGS, MUERTE VISCOSA
(1988)
SLUGS, THE MOVIE
ou SLUGS, MUERTE VISCOSA
(1988)
De son vrai nom Juan Piquer (le Simon étant là pour américaniser et faciliter l’exploitation de ses films), le réalisateur est avant tout connu pour ses improbables nanars comme Supersonic Man ou Le Sadique à la Tronçonneuse. Avec Slugs, une coproduction entre l’Espagne et les États-Unis, il adapte La Mort Visqueuse, un livre de l’écrivain britannique Shaun Hutson, best-seller en Grande-Bretagne qui a même déjà connu une suite. Si le sujet semble tout indiqué pour en faire un mauvais film (le récit traite d’une invasion de limaces carnivores dans une petite ville de campagne), J.P. Simon livre contre toute attente une adaptation assez fidèle du roman via un petit film efficace et généreux dans ses scènes sanglantes.
L’histoire ne change ainsi pratiquement pas et nous suivons Mike Brady, du service de l’hygiène, qui se rend compte que la ville subit l’invasion d’une race de limaces mutantes et carnivores s’attaquant à la population. Bien entendu malgré les différentes catastrophes que cela entraîne, pratiquement personne ne le prend au sérieux et il va devoir conter sur deux amis pour lutter contre la menace. Une histoire basique et comparable à celle de nombreux films d’animaux agressifs, mais qui ne cherche en aucun cas à paraître original puisqu’il s’agissait plus d’un prétexte pour Shaun Hutson pour se laisser aller à des débordements gore très réjouissant ! Une notion que le film n’oublie pas, se construisant sur la même structure en alternant l’enquête routinière de Brady avec les scènes d’attaquent pour garder un semblant de tension et surtout d’intérêt.
Très proche du roman, Slugs en conserve pratiquement toutes les scènes malgré quelques altérations et rajouts ça et là. Pour ceux qui ont lu le livre il y a de quoi surprendre tant les séquences graphiques paraissent trop osées pour être réalisée et pourtant tout est là : du vieillard dont la main est coincée dans son gant piégé à la destruction finale des gastéropodes, jusqu’à LA scène gore lorsqu’une multitude de parasites s’échappe des yeux d’un pauvre quidam ayant malencontreusement ingéré une limace avec sa salade au déjeuné. Une séquence anthologique aussi mémorable que dans le roman ! Les douloureuses introductions des limaces dans les orifices de leurs victimes ont cependant, bien entendu, étaient supprimés, remplacé par du hors-champ (la scène des toilettes) ou un léger changement dans le déroulement de la scène (la scène de sexe). Le scénario intègre par ailleurs ici une sous intrigue légère mettant en scènes les adolescents de la ville se préparant à une grande fête. Déjà pas tendre avec ces personnages dans la version romancée, l’histoire devient ici parfois franchement cruelle lorsqu’une jeune femme est victime des créatures tout juste après avoir échappé à une tentative de viol !
Il serait faux de dire que J.P. Simon souhaitait livrer une adaptation fidèle du roman de Shaun Hutson et il faut savoir qu’à l’époque de l’écriture du scénario, le cinéaste était totalement sous l’influence du Aliens de James Cameron et imagine alors une Reine pondeuse dans la dernière partie du film. Cette idée de limace géante semble évidemment bien trop ambitieuse pour les producteurs et va vite être écartée, le scénario reprenant alors la trame du roman. Demeure cependant un petit rajout concernant l’origine de la mutation, la basique exposition aux déchets radioactifs enterré sous la ville et dont le maire ne veut pas ébruiter l’existence, surtout lorsque la signature d’un important contrat se fait proche. Une manière de reprendre Les Dents de la Mer, l’ouverture du film lui faisant justement écho avec son pêcheur entraîné sous l’eau et attaqué par un agresseur invisible. La dernière partie, en tout point semblable au roman, l’évoque également avec ces trois hommes partis lutter contre les monstres, l’un y perdant la vie…
Malgré quelques excès (l’explosion de la maison après la chute d’un produit chimique inflammable dans une jardinerie, le nombre sans cesse croissant des limaces qui n’inquiète pas vraiment les autorités malgré la présence de traces visqueuses sur les lieux des crimes) et les défauts inhérents à ce genre de petites productions (quelques longueurs, personnages creux et la musique type « film catastrophe » est parfois un peu trop envahissante), Slugs offre quelques passages relativement impressionnant compte tenu du faible budget de l’entreprise comme lorsque cette jeune femme nue se fait dévorer progressivement, incapable de trouver une prise pour se relever et gagner un endroit sûr. A note au passage que la plupart des limaces du film ne sont que des morceaux de plastiques associés à de vrais mollusques afin de donner une illusion plutôt réussie de prolifération excessive.
Réjouissante petite série B qui assure pleinement le spectacle promis, Slugs vaut le coup d’œil malgré l’appréhension que l’on pourrait avoir au vu du sujet. Censuré dans divers pays en raison de sa violence (et carrément interdit pendant six ans en Australie, dans le Queensland !), le film va toutefois remporter un certain succès au point que l’on pensa un moment produire une suite, Breeding Ground, d’après le roman homonyme de Shaun Hutson (chez nous, La Mort Visqueuse – 2), mais le projet ne va pas aboutir. Juan Piquer Simon va ensuite tenter de réaliser un Orca 2 sans plus de résultat, poursuivant sa carrière par La Mansión de los Cthulhu, vaguement inspiré de H.P. Lovecraft…
Mutations
Slugs, the Movie / Slugs, Muerte Viscosa (USA/Espagne, 1988)
Réalisation : Juan Piquer Simon
Scénario : Ron Gantman,
d’après le livre de Shaun Hutson
Musique : Tim Souster
Avec : Michael Garfield, Santiago Alvaro,
Philip Machel, Patty Shepard, Kim Terry…
© Adrien Vaillant